11 janvier 2022
Transmettre revêt toujours une notion d’aller et retour. Nous transmettons tout d’abord ce que nous avons acquis.
Thierry Pécou : « Transmettre revêt toujours une notion d’aller et retour. »
Thierry Pécou est un homme qui voyage et un artiste qui fait voyager. Sa musique est empreinte de rencontres, de multiples cultures et traditions. Le pianiste et compositeur est en résidence cette saison au conservatoire de Rouen où il partage son expérience avec les élèves, qu’ils soient musiciens, comédiens ou danseurs, et donne plusieurs concerts avec son ensemble Variances et aussi Das Neue, notamment avec une création, A Quattro Voci. Entretien.
Que représente cette résidence au conservatoire de Rouen ?
Plusieurs choses ! Je suis d’abord très content de cette résidence. J’habite depuis plus de dix ans à Rouen où l’ensemble Variances est installé et nous n’avons jamais eu l’occasion d’initier un travail d’une telle envergure avec le conservatoire. J’ai fait le choix de ne pas enseigner mais de me concentrer sur la vie musicale à travers l’écriture et les concerts. C’est très intéressant d’être confronté à différentes classes, à la transmission. Ce que je fais accessoirement pendant des masterclasses.
Quelle importance accordez-vous à la transmission ?
La transmission m’est chère. C’est banal de dire cela mais la transmission est très importante. On se rend compte à quel point cela est vrai quand on l’expérimente. Transmettre revêt toujours une notion d’aller et retour. Nous transmettons tout d’abord ce que nous avons acquis. Ce qui est une manière aussi de s’interroger sur soi-même, sur son parcours. C’est très intéressant de voir comment les élèves s’approprient vos conseils. Cela vous renvoie forcément quelque chose.
Où se situe votre envie de transmission ?
Elle est peut-être dans la joie de jouer de la musique ensemble, partager quelque chose de positif dans un monde qui ne l’est pas trop. La musique appelle le collectif. C’est important de prendre conscience de cette notion. Les élèves ont tendance à être dans leur bulle. Quand on joue ensemble, il faut s’écouter, être présent à l’autre. Il y a aussi cette notion de diversité, caractéristique de notre monde pour se comprendre. Il faut alors se confronter à différents styles et disciplines artistiques.
Dans votre travail, vous levez toutes frontières.
J’en parle beaucoup avec les élèves. Il est nécessaire d’être ouvert, de sentir ce moment exceptionnel d’être confronté à quelque chose qui vient de l’extérieur. C’est une chance, un privilège de faire de la musique, de pratiquer un art en général.
Est-ce que vous avez toujours en tête le fait que ce soit une chance ?
Je suis conscient de ce privilège de faire quelque chose que j’ai toujours aimé et qui me nourrit. Être au contact de plein de dimensions du monde, c’est une grande chance. Mais cela se travaille aussi.
Que ressentez-vous aujourd’hui après les diverses restrictions imposées ?
Je ressens de l’inquiétude. Nous sommes obligés de vivre au jour le jour. Nous avons une tournée aux États-Unis en mars et avril. Nous verrons s’il n’y a pas un nouveau tour de vis. En revanche, je ne pense pas que les mentalités se referment. Il y a toujours cette envie de communiquer.
Maryse Bunel