La Vie

27 septembre 2021 

L’opéra navajo de Thierry Pécou, temps fort d’une programmation riche en créations transdisciplinaires, n’en reste pas moins d’une brûlante actualité. 

Un oratorio navajo aux tonalités mystiques...

 

Les chanteurs évoquent des êtres sacrés qui se meuvent sur des rythmes de psalmodies navajos.

Les chanteurs évoquent des êtres sacrés qui se meuvent sur des rythmes de psalmodies navajos. Photo Marion Kerno

 

Navajos en harmonie

La 11e édition du festival grenoblois Détours de Babel n’a finalement pas été annulée comme la précédente, seulement reportée du printemps à septembre. L’opéra navajo de Thierry Pécou, temps fort d’une programmation riche en créations transdisciplinaires, n’en reste pas moins d’une brûlante actualité. « Les Navajos ont une conception de l’humain en harmonie avec son environnement, explique le compositeur. Quand un patient est malade, toute la communauté se purifie. Cette vision holistique de la vie trouve aujourd’hui une forte résonance tant avec la problématique écologique qu’avec la pandémie. »

Accompagné de son ensemble Variances, qui conçoit depuis 10 ans la musique comme un rituel, Thierry Pécou a ainsi recréé une cérémonie de guérison imaginaire, en confiant le livret à la grande poétesse amérindienne Laura Tohe. Présenté en 2019 sous la forme d’un opéra chorégraphié (avec de véritables animaux !), Nahasdzaan renaît aujourd’hui dans une version inédite, mise en scène cette fois par le plasticien taxidermiste Sylvain Wavrant et son collectif Nos années sauvages.  « Lui ne travaille pas sur des animaux morts, mais avec des éléments prélevés dans la nature. Sa sensibilité chamanique nous a réunis », précise Thierry Pécou.

Dans cet oratorio, les quatre chanteurs camperont des êtres sacrés et les sept musiciens se caleront sur les pulsations ancestrales des psalmodies navajos, avec, en toile de fond, un mapping vidéo spectaculaire animé par des hommes et des animaux : une figuration fantastique des quatre facettes fondamentales de l’être humain (mental, corps, esprit et social), façon vivante et poétique d’appeler « à nous soigner nous-mêmes pour soigner notre terre nourricière ».

Anne Berthod

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