Musicologie

May 2, 2019

La musique singulière de Thierry Pécou, qu’il dirige lui-même, donne sens à toute cette épopée entre sublime et chaos, grâce aux sept musiciens de l’Ensemble Variances et aux chanteurs incarnant les grandes figures de la tradition.

Nahasdzaan ou le monde scintillant 
de Thierry Pecou et Luc Petton :  
superbe et surprenant

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Nahasdzaan ou le monde scintillant
, Théâtre de caen, 2 mai 2019.
Photographie © Jean-Paul Sibbille.

Thierry Pécou dont on a apprécié la musique en mars lors du festival Aspects au conservatoire, en particulier son concerto L'oiseau innumérable, nous propose un oratorio inspiré des traditions navajos, écrit en anglais (surtitré en français) par la poétesse navajo Laura Tohe sur la genèse du monde et l'irruption dramatique des êtres à deux jambes que nous sommes et qui détruisent leur monde. D'où le processus de guérison répété en final, les quatre chanteurs se déplaçant aux quatre points cardinaux de la salle du théâtre, pour permettre le retour de la beauté, du scintillement du monde, tout autour de nous. Manquent peut être alors quelques projections de peintures de sable des shamans guérisseurs...

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Nahasdzaan ou le monde scintillant
, Théâtre de caen, 2 mai 2019.
Photographie © Jean-Paul Sibbille.

La musique singulière de Thierry Pécou, qu'il dirige lui-même, donne sens à toute cette épopée entre sublime et chaos, grâce aux sept musiciens de l'ensemble Variances et aux chanteurs incarnant les grandes figures de la tradition. Flûtes, saxophones, clarinette, violoncelle, contrebasse ou basse électrique, piano électrique accompagnent ou alternent avec les voix, les éloignant ou les rapprochant dans un long mouvement cyclique. Des voix qui s'inspirent de temps à autre du vibrato des chants indiens qu'on entend par deux fois, enregistrés, en échos lointains.

Lors des moments plus instrumentaux, avec Luc Petton à la mise en scène et à la chorégraphie, deux danseuses viennent illustrer l'espace comme des êtres primordiaux dans des tableaux souvent saisissants et dans lesquels peuvent intervenir deux chouettes lapones qui surgissent de nulle part, et y retournent au bout d'un moment de grâce, sans prévenir.

Quant au loup curieux de cette grande salle sombre, au vautour glouton, sautillant et dérapant, à l'aigle du Mexique qui va et vient et se pose sur la contrebasse, ils ne font que passer, mais entretiennent le suspens autour de ce mystère originel dévoilé par cet oratorio magique.

À venir au théâtre de Caen en musique et danse, Alonso King pour deux ballets les 17 et 19 mai et Aurélien Bory avec aSH les 28 et 29 mai.

nahastdzan
Nahasdzaan ou le monde scintillant
, Théâtre de caen, 2 mai 2019.
Photographie © Jean-Paul Sibbille.

Alain Lambert  

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