Paris-Normandie

April 20, 2019

Thierry Pécou le compositeur s’attelle à la création d’un univers onirique, faisant voguer le spectateur d’une humanité sombre et tourmentée à un monde scintillant.

Nahasdzaan ou le Monde scintillant : une œuvre lyrique singulière à l’Opéra de Rouen

Opéra. L’Opéra de Rouen accueille mardi 23 et jeudi 25 avril une œuvre lyrique singulière, inspirée de la spiritualité du peuple amérindien Navajo. Une création de Thierry Pécou, mise en scène et chorégraphiée par Luc Petton.

Un loup, mais aussi d’autres animaux comme des chouettes ou un vautour vont s’inviter sur la scène de l’Opéra de Rouen

Tout commence en Arizona, où Thierry Pécou rencontre des membres de la communauté Navajo et assiste à leurs cérémonies de guérison, mêlant prières, chants sacrés et peintures sur le sable.
Fasciné par la philosophie de ce peuple qui prône une vie en harmonie avec la nature, le compositeur s’attelle à la création d’un univers onirique, faisant voguer le spectateur d’une humanité sombre et tourmentée à un monde scintillant.

Dans ce dernier, les hommes s’interrogent sur les ravages qu’ils infligent à la terre et s’efforcent de vivre en symbiose avec les autres êtres vivants. « Ma rencontre avec la poétesse navajo Laura Tohe, qui a écrit le livret de cet opéra, a été déterminante : j’ai pu embrasser grâce à elle la culture et les traditions de ce peuple, et comprendre les subtilités de la notion Hozho qui fonde sa philosophie », explique Thierry Pécou.
Le Hozho, qui signifie à la fois « beauté », « santé » et « harmonie », est une voie d’équilibre que les amérindiens Navajo cultivent toute leur vie durant et qui imprègne leurs gestes du quotidien. Un état d’esprit respectueux des rythmes naturels qui séduit l’auteur de Méditation sur la fin de l’espèce, préoccupé par le bouleversement des écosystèmes. « Les scientifiques nous adressent des avertissements alarmés sur l’état de notre monde. Les humains ont rompu le contrat les liant aux autres espèces », affirme le compositeur. Dans les notes de Nahasdzaan ou le Monde scintillant résonnent ces inquiétudes mais aussi l’espoir d’un sursaut salvateur.
Sur scène, cet oratorio sera incarné par quatre interprètes, Christie Finn (soprano), Noa Frenkel (contralto), Oliver Brignall (ténor) et John Taylor Ward (basse). Pour les accompagner, les sept membres de l’ensemble Variances déploieront des partitions teintées de merveilleux et d’étrangeté.

ANIMAUX INDOMPTÉS SUR SCÈNE
Aux chants et à la musique se mêleront les mouvements ondoyants de deux danseuses : Mélanie Poux et Aurore Godfroy incarneront l’esprit de la divinité Navajo « Femme changeante ». « Ce personnage se laissera habiter par des énergies mutantes, tantôt animales, tantôt homme ou femme, à la fois viscérales et spiritualisées », écrit Thierry Pécou dans sa note d’intention.
Durant cette création musicale et dansée, l’apparition d’animaux non-dressés sur scène ne manquera pas de dérouter le public. Deux chouettes, un aigle du Mexique, un vautour et un loup s’inviteront en effet dans les rituels chorégraphiques.
Une incursion que le metteur en scène Luc Petton explique par la nécessité de « réfléchir à la notion de l’Autre, voire du tout autre. Il s’agit de montrer que nous ne sommes pas seuls sur terre, et qu’un rapprochement et une communication sont possibles entre les humains et d’autres représentants du vivant. Nous voulons également montrer la fragilité, l’imprévisibilité de cette relation. »

Nahasdzaan ou le Monde scintillant, mardi 23 et jeudi 25 avril à 20 h au Théâtre des Arts de Rouen. Mercredi 24 avril à 18 h 30 : table ronde en présence de l’équipe artistique et projection du documentaire « Un printemps navajo », de Jean-Louis Nizon.

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