La Montagne

March 10, 2018

Thierry Pécou (...) fait la preuve qu'un langage moderne peut servir un discours et une forme d'une grande lisibilité.

Orchestre d’Auvergne
Belle soirée, hier, avec le violoniste Augustin Dumay et le compositeur Thierry Pécou

Par P.-O. Febvret

Le public de l'Orchestre d'Auvergne est passé par bien des états, hier soir, à l'opéra de Clermont.
La promesse d'un programme intitulé « Entre ombres et lumières » a d'abord été tenue par Les Liaisons magnétiques de Thierry Pécou. Le compositeur en résidence fait la preuve qu'un langage moderne peut servir un discours et une forme d'une grande lisibilité. Les deux influences (deux cultures) qui s'attirent sensuellement en cette œuvre apparaissent avec force : la clarté de la musique de Dutilleux et l'embrasement sonore d'un rituel venu des hauts plateaux andins.

Autre démonstration avec l'arrivée sur scène d'Augustin Dumay : celle que l'on peut marquer son engagement et ses convictions sans sacrifier une once de son élégance naturelle. Le violoniste magnifie le velouté de son instrument dans Poème d'Ernest Chausson. Après cette page d'intensité et de délicatesse, il se jette avec gourmandise sur Tzigane de Ravel : l'expression et la passion prennent d'emblée le dessus, avec des cordes sous haute pression.
Jusqu'alors assez passif, l'Orchestre d'Auvergne comme le public finit par être emporté par la vigueur impressionnante et les attaques d'une franchise réjouissante du soliste. Une posture qu'il a maintenue - malgré l'apaisante Méditation de Thaïs en rappel et l'entracte - pour la Symphonie n°4 de Hartmann, composée en 1947 dans le trauma persistant de la guerre, tout à la fois lyrique et angoissante. L'ensemble reste d'une étonnante homogénéité malgré les ruptures incessantes… Le chef Alexander Liebreich semble même courir après lui, de la première aux ultimes notes qui se confondent en des larmes de sons.
Pratique. Aujourd'hui, 18 h 30, à l'opéra de Clermont, le compositeur Thierry Pécou est de nouveau à l'honneur avec l'Orchestre d'Auvergne en version chambriste.

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