Depuis 2010, l'Ensemble Variances reflète l'univers de son fondateur, le compositeur et pianiste Thierry Pécou dont la musique témoigne d’ une ouverture et d’un intérêt fondamental pour les cultures de traditions orales du monde, tout en cherchant à relier par sa puissance expressive la musique de notre temps à des problématiques contemporaines, qu'elles soient humanistes, historiques ou du domaine de l’écologie.
2010, 2011, 2014
En 2010, Thierry Pécou établit une haute nécessité, celle de nouer le dialogue entre la musique classique occidentale et les inspirations traditionnelles. Haute nécessité, c’est le nom que porte la première pierre à l’édifice atypique de l’Ensemble Variances.
« J’ai voulu trouver un territoire figurant l’urgence de la réconciliation entre musique traditionnelle et musique écrite. Chargée de son histoire si particulière, la Martinique était le lieu propice ». Avec une émotion particulière, le compositeur a interrogé l’approche coloniale de l’arrivée de la musique classique, par un dialogue musical avec le chanteur et multi-instrumentiste martiniquais Dédé Saint-Prix. Fruit de la rencontre, ce projet s’appuie notamment sur le chouwal bwa (musique de manège traditionnel) et sur le répertoire de tambours et de chants typiques de l’île aux fleurs.
2010, 2011, 2012, 2014
Programme franco-mexicain élaboré avec la compositrice mexicaine Gabriela Ortiz, Tremendum porte la notion omniprésente de la fête, toujours teintée d’une ironie grinçante, typique de l’héritage précolombien.
Notamment tourné vers la tradition des musiques de rues, le dialogue interculturel s’est doublé d’une rencontre entre l’Ensemble Variances et les Percussions claviers de Lyon pour un voyage riche de couleurs, exporté au festival Cervantino au Mexique... et à l’Arsenal de Metz ! « Il y a quelque chose de très fort dans ces cultures anéanties par la conquête espagnole au XVIe siècle. Les grandes civilisations de l’ancien Mexique ont laissé une trace dans l’esprit des gens, dans leur rapport au rythme cosmique et biologique de la nature et de la terre. »
2013, 2015
Cri d’appel, cri de douleur, cri d’effroi, cri d’angoisse, cri érotique... à partir de quand se changent-ils en matériau musical ?
Thierry Pécou a collaboré avec la compositrice étasunienne Lisa Bielawa pour questionner le cri primordial et toutes les déclinaisons qui en découlent. Musicienne affranchie du courant minimaliste dominant aux États-Unis, Lisa Bielawa insuffle une dimension spatiale à son œuvre qui n’est pas sans rappeler les grands espaces américains. « Ce programme présente une très grande variété d’atmosphères ; Lisa explore toutes les gammes de cris possibles. Elle-même le pratique dans sa pièce qui ne se cantonne pas à un climat d’angoisse. » Les Machines désirantes du compositeur français offrent en miroir un regard philosophique, emprunté à Gilles Deleuze, de ce geste universel.
2013, 2015, 2017, 2018, 2019, 2022, 2024
Trop longtemps mise de côté, l’histoire de la Traite négrière atlantique s’est perdue dans une dimension d’oubli que dénoncent les poètes Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau.
Entraîné par le pianiste Alexandre Tharaud, Thierry Pécou a également penché son art vers la mémoire de cette entreprise tragique en concevant un spectacle complet avec le plasticien Jean-François Boclé. Dans une atmosphère libre de tout pathos, mais tournée vers notre monde contemporain, la pièce d’une heure suit le temps d’un passage dans l’exposition. Au temps de déambulation succède celui du concert où les références instrumentales et lignes mélodiques insistent sur la démesure, le déchirement et l’effacement si bien décrits par les deux auteurs martiniquais.
2014, 2015, 2016, 2024
« Les chants séfarades portent en eux la nostalgie de l’exil, mêlée à des explosions de joie sur un fond de religiosité. J’ai voulu aborder ce contraste en travaillant sur une source musicale directement tournée vers la mémoire d’un peuple. »
Fruit de cette réflexion développée autour des descendants des juifs d’Espagne, le programme Sefarad’s exploite la rythmique des chants arabes, revendiquant l’inspiration croisée des répertoires. La voix de soprano Gaëlle Méchaly, instigatrice de ce projet, la flûte, la clarinette, la contrebasse, le piano et les percussions se répondent dans un travail de mise en espace, centré autour des mouvements de la chanteuse. « Nous avons souhaité nous libérer du rituel classique du concert en favorisant les moments d’interactions entre les musiciens, pour proposer un spectacle total. »
2016, 2017, 2018, 2019
L’harmonie, la beauté, la santé... forment un tout harmonieux, au cœur de la vie des indiens Navajo du sud-ouest des États-Unis. « Hózhó », c’est le mot qui désigne ce concept pour lequel notre lexique restreint peine à traduire par un mot unique.
A partir du répertoire développé pour les cérémonies destinées à guérir les membres de la communauté, et à la faveur de rencontres avec une grande poète Navajo, Laura Tohe, Thierry Pécou s’est inspiré des chants lancinants et répétitifs pour créer une œuvre d’imagination en racontant un peu de ces cultures en communion avec la nature. Un premier volet, Femme changeante, cantate des quatre montagnes, puis l’opéra Nahasdzáán in the Glittering World font écho aux grands espaces où les Navajos inscrivent leur compréhension totale des enjeux écologiques et sociaux, dans une inlassable quête d’équilibre.
À partir de 2017
En communion avec son environnement, la communauté Navajo établie au sud-ouest des États-Unis accorde une importance majeure à la guérison d’un individu à travers des cérémonies qui impliquent l’ensemble de la communauté.
Inspiré par ce rite, Thierry Pécou a transposé le principe « à la manière d’une métaphore » en le déclinant sous la forme d’un panel d’actions culturelles proposées en Normandie. Musées, jardins, établissements scolaires, domaines privés... ont été les lieux de rencontres à l’occasion de conférences, lectures de poésie, ateliers d’équithérapie... lors de moments de lien très forts, autour de la musique. « Nous avons réussi à toucher un public nouveau qui a pu vivre des situations émotionnelles très vives, alors qu’il ne serait pas venu écouter l’opéra. »
2018, 2019, 2021, 2022, 2024, 2025
Sangata, c’est l’histoire d’un dialogue entre six musiciens aux approches et aux fonctionnements musicaux très différents : trois instrumentistes indiens issus de la nouvelle génération, et trois membres de l’Ensemble Variances – Thierry Pécou, entouré de la flûtiste Anne Carte et du clarinettiste Carjez Gerretsen.
Animé par une démarche spirituelle, Thierry Pécou a rejoint l’Inde avec un matériau musical inspiré des ragas, composés à partir de rencontres préalables et de recherches. Cinq jours de résidence ont permis aux artistes d’échanger en puisant dans leurs traditions réciproques : « l’échange a été magnifique et très stimulant ; Sangata est un des projets qui m’a le plus touché pour la rencontre musicale et humaine qu’il représente. »
2018, 2019, 2021, 2022, 2023
Entendre le chant des baleines dans la nature n’est pas chose aisée ; pourtant il diffuse un message qui pourrait nous rappeler à notre propre condition : celle d’une espèce en danger de disparition.
Sous l’impulsion du compositeur François-Bernard Mâche, Thierry Pécou s’est interrogé sur les relations qui s’imposent entre la musique de certaines espèces animales et celle des compositeurs. D’une « complexité spectrale impressionnante », le chant des baleines renvoie aux splendides étendues au bord du Saint-Laurent, là où le rythme biologique extrait l’observateur de sa propre construction du temps. « Mon travail interroge par la présence du son animal notre possibilité d’extinction. Je ne cherche pas à faire peur ou à être nostalgique ; je souhaite seulement apporter une conscience par l’objet artistique. »
2019, 2021
Nahasdzáán signifie la Terre-mère, celle qui nous nourrit et que nous devons préserver.
Création singulière évoquant les quatre mondes successifs des Navajos liés aux quatre aspects fondamentaux de l’être humain – mental, corps, esprit et social –, cet opéra dont le livret est écrit par la poétesse navajo Laura Tohe, interroge les déséquilibres sociaux et environnementaux que l’homme contemporain inflige à Nahasdzáán. « Ce que nous faisons à la terre, nous le faisons à nous-mêmes ; en nous soignant nous-mêmes, nous soignons la terre », psalmodient les Navajos lors de l’ultime cérémonie de guérison.
2020, 2022, 2025
Parler au sensible et à l’intellect, sans léser aucun des deux... dans cette entreprise, un seul maître : le cantor de Leipzig !
C’est autour du canon en crabe – sorte de palindrome musical – que s’est élaboré le projet Bachc®ab des musiciens de Variances, dans un dialogue avec l’ensemble de musique ancienne Zefiro Torna. Construit autour de l’Offrande musicale, le programme a réuni dans une même formation anciens et modernes, accordés au même diapason : « la musique de Bach a marqué des grandes balises, au milieu de pièces très diverses suivant le même procédé – des œuvres du Moyen-Âge et une composition que j’ai réalisée pour ce projet. » Aussi heureux qu’improbable, le mélange des instrumentarium a permis la rencontre entre deux univers aux valeurs partagées.
2021, 2023
Le projet met en scène et en musique la force expressive et le caractère poétique du roman Batouala de René Maran, prix Goncourt 1921.
Précurseur singulier du mouvement de la négritude, René Maran est un auteur de portée universelle dont les thèmes relatifs à la nature et à la condition humaine sont d’une brulante actualité. Batouala est émaillé d’une profusion d’images, de situations, de sensations qui nourrissent l’imaginaire et rendent ce livre foisonnant propice à un prolongement théâtral et musical. Jean-Louis Sagot-Duvauroux, essayiste engagé dans la coopération franco-africaine, signe la dramaturgie et laisse toute sa place à la puissante sobriété de la voix de Bibi Tanga. La musique prend alors un rôle central et moteur du déroulement du récit, créant une forme particulière d’opéra composé de récits, de sons et d’images.
2022, 2023
Ce grand voyage musical et poétique confronte le temps présent et l'Antiquité.
Au cœur de ce programme, le quatuor à cordes avec sons fixés Les rameurs obscurs de la barque de Rê de Thierry Pécou est une plongée imaginaire à travers de multiples facettes de l’Égypte et de la ville du Caire : le compositeur s’est inspiré du Livre des morts égyptiens qui relate le voyage mystérieux et nocturne du dieu solaire Rê opérant sur sa barque le passage entre vie et mort, vers un nouveau cycle de vie. En résonance, interrogations existentielles et réminiscences de civilisations antiques émergent du Quatuor à cordes n° 2 de Philip Glass inspiré de la nouvelle Compagnie de Samuel Beckett.
2024
Épopée poétique et cosmopolite, O Future dit le chemin initiatique d’un groupe d’enfants, soucieux de l’avenir de la Terre et en quête de sens.
Cette Conférence des oiseaux – poème persan comptant parmi les grands récits fondateurs – d’un autre millénaire se nourrira des cultures et sagesses des peuples anciens et oubliés. Un thème cher au compositeur normand Thierry Pécou qui signe pour l’occasion une nouvelle partition à la demande du théâtre de Caen. Les jeunes Maîtrisiens donnent leurs voix au livret d’Alice Kudlak, rejointe par Bernard Kudlak pour la mise en scène. Cofondateur du mythique Cirque Plume, celui-ci fera appel aux arts du cirque sur scène. Pour cette nouvelle production du théâtre de Caen, La Maîtrise de Caen sera rejointe par le San Francisco Girls Chorus.
2024
Stalker s’affranchit de la forme traditionnelle du théâtre lyrique pour aller vers une forme plus éclatée, une recherche de l’occupation de l’espace et du temps qui place le spectateur dans une position non strictement frontale, en déambulation, et dans un flux sonore immersif.
Le livret de l’opéra adapté par Jean-Christophe Blondel emprunte au scénario d’Andreï Tarkovski, ponctué d’inserts philosophiques à l’humour ironique provenant du livre des frères Strougatski. Un éminent scientifique et un auteur à succès paient un « stalker », sorte de guide mystique et grand arpenteur de la Zone, pour les guider vers la Chambre : celui qui y entrerait verrait son vœu le plus cher s’exaucer.
2024
De par sa charge symbolique profonde et multiple, le thème du miroir n’a pas épargné l’imaginaire des musiciens.
Depuis les motets rétrogrades d’un Guillaume de Machaut, les canons en crabe de Bach, les figures rhétoriques de la musique dodécaphonique sérielle ou l’évocation d'images poétiques dont la musique se fait le reflet comme ici chez un Marc Patch, le miroir parle toujours aux compositeurs et compositrices d’aujourd’hui. Ainsi, se dessine ce programme, mettant en regard des œuvres apparentées et nous entraînant peut-être dans les limbes du rêve et de l’inconscient...
2023, 2025
Battements du cœur, rythme du pouls... Élément vital s’il en est, la pulsation irrigue ce programme onirique, né de la rencontre de Thierry Pécou et son Ensemble Variances, avec l’ensemble montréalais Paramirabo.
L'œuvre phare est Pulse, une partition récente, douce et hypnotique de Steve Reich. En hommage à ce grand maître du mouvement de musique répétitive, Thierry Pécou signe Byar, une pièce directement inspirée du gamelan, orchestre de percussions indonésien. En écho, Missy Mazzoli et Cassandra Miller déploient des mondes harmoniques riches, et des lignes parfois jazzy, souvent méditatives. Ce concert sera également l’occasion d’associer les classes de composition de l’École Normale de Musique de Paris avec la création de pièces écrites par les étudiant·e·s en perfectionnement.